Cette salle de lecture en ligne offre des informations complémentaires sur la pratique photographique et la démarche de Jan C. Schlegel, ainsi que de nombreuses videos, anecdotes et citations.
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"Je me devais de comprendre les raisons pour lesquelles je perçois le monde de cette façon, ce qui est important à mes yeux, ce qui me fascine, d'où je puise mon inspiration, ce que je souhaite montrer au monde et pourquoi...J'ai réalisé que la photographie ou le fait de prendre des photos n'était pas mon but en soi mais juste un outil. Je ne souhaite pas créer de simples photographies mais plutôt, des sentiments, des émotions. Je souhaite que mes images aient un impact sur le regardeur. Cela me semble bien plus pertinent et nécessaire aujourd'hui."
Jan C. Schlegel
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Techniques photographiques
De la prise de vue au tirage -
Jan Schlegel est l'un de ces photographes passionnés toujours prêts à faire face à de nouveaux défis. Excluant tout type de manipulation, il préfère porter son attention vers les possiblités de variations qu'offrent les différents appareils et techniques d'impressions. Bien que démontrant une préférence pour les anciens appareils argentiques de moyen et large formats, il peut aussi être aperçu sur les sites de vente en ligne à la recherche de pellicules discontinuées telles des Polaroid 809 ou dans un studio Russe en train de manipuler un appareil 60x50 cm avec l'aide d'un ami.
Au-delà de son exceptionnelle maîtrise des techniques d'impressions anciennes telles que le ferrotype ou le tirage platine, son insatiable besoin de découverte l'a conduit à développer de nouvelles méthodes qui lui sont propres telles que les impressions platine-rhodium, platine-iridium, ou le virage sélectif sur tirage argentique.
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Appareils & Objectifs
"La raison pour laquelle j'utilise cet objectif pour pbotographier les membres de tribus n'est pas tellement pour sa définition exceptionnelle, mais plutôt pour la taille de sa lentille. Elle est si large que les personnes peuvent voir leur reflet comme dans un miroir. Cela leur donne quelque-chose sur lequel porter leur attention et permet de créer des portraits aux regards intenses."
Pour sa série "Essence", le studio de Jan Schlegel se devait d'être nomade, léger et peu encombrant. Parmi son arsenal, il emporte dans toutes ses expéditions une centaine de films Kodak 4x5 Tmax 400. Bien qu'il affectionne un Linhof Master Technika 4x5 pour sa versatilité et la petite taille, son appareil de choix est un Ebony SV45 Ti 4x5 en bois, auquel il fixe un objectif Schneider Symmar 150 mm APO f 5.6 ou S 6,8/360mm. Pour compléter son studio, un simple drap gris fait office de fond, éclairé par un système de flash Profoto lui-même lié à une softbox 90 cm.
A l'inverse, "Tribes of Our Generation" et "Muses" sont majoritairement des séries prises en intérieur. Ceci permet à Schlegel d'utiliser des appareils plus imposants, tels que son Donchev ou son Chamonix View 8x10 auquel il ajoute son Schneider Symmar S 6,8/360mm. Il affectionne particulièrement ce dernier pour ses portraits ou bouquets car ses négatifs possèdent une profondeur et une précision marquées.
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Essence
2009 - PrésentDef.: Caractère ou qualité propre et nécessaire d'un être; ensemble des caractères constitutifs de quelque chose.
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Pour "Essence", Schlegel s'intéresse à la beauté, à la dignité, à la fierté et à l'espoir de personnages protégeant leur culture et traditions. Cela inclus les tribus Kenyanes (Turkana, Rendille, Massaï), éthiopiennes (Mursi, Suri, Ebore, Hamar, Kara), Namibie (Himba), ainsi que Libyenne et Égyptienne (les Bédouins), Algérienne (les Touaregs), Afghanes (les Hazar et Nouristani), et Pakistanaises (les Kalash et Pachtounes). Emportant avec lui un appareil grand format 4x5 en bois, un fond en tissu gris, et un système de flash portable, Schlegel capture les détails, textures, cicatrices et imperfections mais surtout, grâce à une intimité empreinte de respect, l'intrinsèque humanité qu'il recherche.
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" Avec plus de 60 pays visités et d'innombrables excursions photographiques à son actif, il semblait évident que Jan est l'un des voyageurs les plus aventureux et expérimenté que j'eus le privilège de rencontrer. [...]
Schlegel est déterminé à capturer l'esprit de chacun de ses sujets par une étude contemplative des individus, de leurs visages, accoutrements, ornements mais surtout de leurs yeux, ces fenêtres qui font écho à l'âme de toute une communauté. De cette façon, il chercher à honorer l'intégrité, la beauté et la dignité de l'autre tout en évoquant l'indomptable esprit et philosophie tribale de ces survivants de la forêt et du désert. "
Rubén G. Mendoza, PhD, CSU Monterey Bay
Extrait de "Essence", Seltmann Publishers, 2017
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Mother with mushroom, Suri tribe, Ethiopia, 2018
" Cette photo fut prise dans un village Suri situé sur la chaîne montagneuse près de la frontière soudanaise. Lorsque j'ai demandé à cette jeune mère si je pouvais la prendre en photo, elle s'est doucement approché du petit studio que j'avais installé, puis, devant l'appareil, elle s'est comporté comme un top model, sachant exactement comment poser. Elle a parfaitement tourné sa tête vers moi et a intensemment fixé son regard vers l'objectif, comme si c'était la chose la plus naturelle du monde pour elle. J'ai relaché l'obturateur de mon appareil 4x5 et voilà le résultat."
Jan C. Schlegel
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Tribes of Our Generation
2015 - Présent -
“Tribes of our generation” est une série figurant les “It girls” et autres figures de proue des cultures underground occidentales actives sur les réseaux sociaux tels que Youtube, Instagram, ou VK. Bien qu’inconnus de ceux hors de leurs groupes, ces personnages sont de véritables porte-drapeaux de leurs importantes communautés en ligne. Suggérant une alternative à notre société normalisée, ils se reconnaissent à travers des intérêts communs tels que les modifications corporelles (tatouages, piercings, scarifications), la mode ou la musique. Ils peuvent paraître étranges voire effrayants d’un point de vue externe, mais les images de Schlegel dépassent les apparences : au-delà des parures et artifices, elles nous livrent l'essence même de leur sujet.
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Nahal D. #5, Australia, 2016
Followers: 227k
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Videos
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Anna R, #7, England, 2016
Followers: 95.5k
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Jan C. Schlegel, Noemie #1, 2021Followers: 101k
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" L'histoire sociale et culturelle du tatouage l'a vu évoluer d'expression symbolique d'une communauté et d'un status personnel, à une forme d'auto-mutilation, un signe extérieur de personnalité déviante ou criminelle, un symbole individualisé, une forme d'art contemporain ainsi qu'un signe d'autodétermination genré. En tant que telle, l'histoire culturelle du tatouage est semblable à une chronique de l'art corporel humain. Elle se caractérise par des procédés de flux et transformations ininterrompus, allant des techniques de tatouage aux attitudes sociétales, aux types d'individus arborant des de tels designs sur leurs peaux."
― Lee Barron, Tattoo Culture: Theory and Contemporary Contexts
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" On réalise alors qu'elles apparaissent vulnérables et fragiles pas uniquement dans leur chair mais également au sens indirect et psychologique du terme. Cela vient de leur regard. Il s'agit là du détail le plus important, ce qui fait de ces portraits de l'art. "
En regardant les photographies de la dernière série de Jan C. Schlegel, les yeux du modèle sont la dernière chose que l'on remarque. On observe leurs tatouages, leurs piercings, leurs coiffures très travaillées, leurs corps minces et nus, les détails de leur peau.
On s'autorise même à jeter un œil à leurs seins, leurs tétons. Il n'y a aucun problème. Leur nudité n'est en rien sexuelle, elle est pure beauté. Doucement, on découvre que ces personnes que beaucoup d’entre nous aurait évité dans la rue apparaissent douces et amicales. On réalise alors qu’elles apparaissent vulnérables et fragiles pas uniquement dans leur chair mais également au sens indirect et psychologique du terme. Cela vient de leur regard. Il s’agit là du détail le plus important, ce qui fait de ces portraits de l’art. [ ... ]
En résumé, après plusieurs années de travail Jan C. Schlegel a percé le mystère. Il a trouvé le moyen de communiquer avec ces personnes issues de différentes cultures. Il a développé une méthode universelle et humaniste qui fonctionne tout aussi bien lorsqu’il photographie des indigènes ou des IT-girls. Cela n’a rien à voir avec le langage. Il est question de confiance, de savoir utiliser son regard et son langage corporel pour communiquer. Il s’agit d’avoir suffisamment de temps et d’être capable de regarder et respecter les gens tels qu’ils sont.
Ajoutez à cela les compétences techniques de Jan C, Schlegel et vous obtenez un artiste doté d’une rare personnalité alliant les qualités techniques et esthétiques. Il travaille avec un film traditionnel noir et blanc, un appareil photo grand angle et rien n’est manipulé digitalement. Il a développé sa propre méthode de colorisation pour ses images en noir et blanc. Son exigence de la perfection ajoute une qualité spéciale à ces images faites à la main et, de par le processus de colorisation qui lui est propre, chaque image a sa propre individualité.
Extrait de "It is all about the Eyes", un essai de Lars Elton
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Bien que géographiquement et culturellement éloignés, tous ces individus n'en sont pas moins contemporains les uns des autres. Que leur marginalisation soit volontaire ou la résultante d'un mode de vie sur le déclin, ils sont des minorités par rapport à la norme sociale dominant leur environnement. Les marqueurs culturels, indigènes aux premiers ont été adoptés par les seconds afin de servir une cause identique. Mises en parallèle, ces deux séries se font écho. Elles constituent un acte de résistance pacifique à l'uniformisation culturelle généralisée de nos sociétés mondialisées.
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" Tout est dans leurs regards."
Lars Elton