Tribes of Our Generation: Jan C. Schlegel
“Tribes of our generation” (Tribus de notre génération, ndlr) est une exposition en ligne de photographies par l’artiste munichois Jan C. Schlegel (n. 1965, Allemagne).
Couvrant deux décennies, elle s’articule autour du dialogue entre ses séries de portraits: “Tribes of Our Generation” (2015 - présent) et “Essence” (2012 - présent).
Artiste, aventurier et humaniste, Schlegel parcourt le monde depuis 1998 et documente les différentes identités culturelles qu’offre le monde contemporain : qu’il s’agisse de membres de tribus africaines ou d’influenceurs de cultures occidentales alternatives, ses images saisissent l’esprit et l’essence primordiale de leurs sujets. Au-delà des tatouages, ornements corporels, scarifications et coiffures élaborées, un profond sens d’humanité demeure commun à ces personnages malgré leurs différences. Ce parallèle entre ces deux groupes soulève des questions liées à l’identité et l’intégration. Quels éléments nous affilient à une tribu? Ces différences culturelles nous rassemblent-elles ou, au contraire, nous séparent-elles?
Apprenez-en davatange dans notre salon de lecture en ligne.
Pour “Essence”, Schlegel s'intéresse à la beauté, à la dignité, à la fierté et à l’espoir de personnages protégeant leur culture et traditions. Cela inclus les tribus Kenyanes (Turkana, Rendille, Massaï), éthiopiennes (Mursi, Suri, Ebore, Hamar, Kara), Namibie (Himba), ainsi que Libyenne et Égyptienne (les Bédouins), Algérienne (les Touaregs), Afghanes (les Hazar et Nouristani), et Pakistanaises (les Kalash et Pachtounes). Emportant avec lui un appareil grand format 4x5 en bois (Ebony SV45 Ti), un fond en tissu gris, et un système de flash portable branché à une softbox 90 cm, Schlegel capture les détails, textures, cicatrices et imperfections mais surtout, grâce à une intimité empreinte de respect, l’intrinsèque humanité qu’il recherche.
“Tribes of our generation” est quant à elle une série figurant les “It girls” et autres figures de proue des cultures underground occidentales actives sur les réseaux sociaux tels que Youtube, Instagram, ou VK. Bien qu’inconnus de ceux hors de leurs groupes, ces personnages sont de véritables porte-drapeaux de leurs importantes communautés en ligne. Suggérant une alternative à notre société normalisée, ils se reconnaissent à travers des intérêts communs tels que les modifications corporelles (tatouages, piercings, scarifications), la mode ou la musique. Ils peuvent paraître étranges voire effrayants d’un point de vue externe, mais les images de Schlegel dépassent les apparences : au-delà des parures et artifices, elles nous livrent l'essence même de leur sujet.
Bien que géographiquement et culturellement éloignés, tous ces individus n’en sont pas moins contemporains les uns des autres. Que leur marginalisation soit volontaire ou la résultante d’un mode de vie sur le déclin, ils sont des minorités par rapport à la norme sociale dominant leur environnement. Les marqueurs culturels, indigènes aux premiers ont été adoptés par les seconds afin de servir une cause identique. Mises en parallèle, ces deux séries se font écho. Elles constituent un acte de résistance pacifique à l’uniformisation culturelle généralisée de nos sociétés mondialisées.
Au-delà des questions qui nourrissent son travail, Jan C. Schlegel se démarque par sa capacité à capter ce qu’il y a de plus vulnérable chez ses modèles : leur humanité . Face à ses portraits,accessoires et ornements du sujet sont vite oubliés. À travers leur position et leur regard, c'est véritablement leur âme qui se donne à voir.
À cet effet, outre son talent pour entrer en résonance avec ses modèles, Schlegel met à profit son exceptionnelle maîtrise technique. Considéré comme un des plus grands virtuoses du tirage en Europe, il met ce talent à profit pour servir son propos. Ainsi, il a développé le tirage gélatino-argentique traditionnel afin d’obtenir des résultats uniques, établissant ainsi un parallèle parfait avec le sujet de ses séries.Excluant toute forme de manipulation ou de retouche numérique, il fait monter les tons sombres de façon sélective en masquant certaines zones de l’image au tirage. Ce procédé de virage partiel lui permet d'accentuer des éléments précis tels que les yeux. Fier, fragile, confus, interrogateur, le regard concentre l'humanité du sujet. Pour citer Lars Elton: “Tout repose sur les yeux”.
Une sélection de tirages issus de cette exposition seront visibles à Photo London du 11 au 14 mai, stand G23.
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Jan C. SchlegelBiwa with Crocodile, Kara Tribe, Ethiopia, 2009
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Jan C. SchlegelAnna R, #7, England, 2016
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Jan C. SchlegelAliyah #3, Russia, 2016
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Jan C. SchlegelHand #2, 2016
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Jan C. SchlegelLe Tran M, Vietnam, 2017
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Jan C. SchlegelYulya D, 2015
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Jan C. SchlegelSeryozha V. #1, Russia, 2016
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Jan C. SchlegelNahal D. #5, Australia, 2016
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Jan C. SchlegelSasha S. #2, Russia, 2016
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Jan C. SchlegelNoemie #1, 2021
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Jan C. SchlegelGleb P. , Russia, 2018
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Jan C. SchlegelTatiana C. #7, Russia, 2016
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Jan C. SchlegelLeeroy, South Africa, 2018
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Jan C. SchlegelEkaterina S. #4, Russia, 2016
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Jan C. SchlegelAndrea M. #1, Germany, 2018
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Jan C. SchlegelYana K., Russia, 2015
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Jan C. SchlegelZahirana Picture II, Kalashi tribe, Pakistan, 2017
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Jan C. SchlegelMabruko, Bedouin Tribe, Egypt, 2009
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Jan C. SchlegelMonteria, Kalashi Tribe, Pakistan, 2017
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Jan C. SchlegelZaharia, Kalashi, Pakistan, 2017